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Physionoma
Zinder
- Niger
Nous
sommes deux rééducatrices, Flavie, orthophoniste, et Marie-Laure,
kinésithérapeute, membre de PhysioNoma, parties 6 semaines à
Zinder cet été 2010.
L’équipe, habituée aux missions PhysioNoma depuis 2003,
nous a accueillies avec une grande sympathie. Parmi les 8 soignants de l’équipe,
3 ont suivi toutes les missions ; 2 nouveaux membres n’en avaient jamais
eu.
Nous avons opté pour une formation ciblée sur les soignants plutôt
que destinée au service social car Sentinelles, l’ONG qui nous
reçoit, prolonge maintenant le séjour des enfants suivis jusqu’au
sevrage de rééducation. Dans la mesure du possible (ce ne sera
pas le cas pour tous les enfants), l’enfant ne pratiquera plus la rééducation
à domicile.
Il a été nécessaire de faire quelques rappels sur les protocoles
vus au cours des précédentes missions. L’objectif de sensibiliser
l’équipe à la pratique des bilans nous paraissant prématuré,
nous avons élaboré une fiche pour que l’équipe puisse
décider quel protocole de rééducation proposer à
chaque enfant et ainsi l’amener à une analyse plus fine de leurs
besoins (rééducation plus personnalisée). Le sevrage du
port de cale et de pratique de la rééducation étant un
objectif à atteindre au centre Sentinelles, nous avons collaboré
avec l’équipe pour déterminer des critères et des
délais nécessaires pouvant être des repères pour
mener à bien ce sevrage.
Cette mission s’est
déroulée dans une atmosphère particulière. Les ONG
ont fait leur apparition à Zinder depuis 2005, année de famine
au Niger. Elles sont très nombreuses (une cinquantaine une centaine ??),
et font partie intégrante de l’économie locale (notamment
par l’emploi de salariés nigériens). Cette année
encore, il a été question de famine. Les CRENI (centres de renutrition
infantile) étaient semble-t-il bien occupés. Rappelons que la
malnutrition participe aux facteurs déclenchant du noma. Au marché,
en ville, l’approvisionnement en produits alimentaires pouvait se faire
en quantité, mais pour des prix supérieurs à la norme nigérienne
(en période de soudure, beaucoup de produits sont importés des
pays voisins). Dans les villages, certains pères de famille se sont temporairement
expatriés (au Nigéria par exemple) pour trouver du travail. Nous
étions en mission lors de la saison des pluies et celle-ci semblait promettre
une récolte 2010 de qualité. Néanmoins, dans certaines
régions, les criquets ont détruit jusqu’à la moitié
des récoltes. Les problèmes liées à la faim sont
complexes, et semblent s’être chronicisé dans ce pays.
Notre
séjour a été précédé et suivi d’enlèvements
de Français dans les régions d’Agadez et d’Arlit au
nord ouest du pays. Zinder, au sud est, ne présente pas les mêmes
risques. En zone verte lors de notre départ, certaines menaces contre
des Français, membre d’une ONG dans une ville voisine, ont contribué
à faire passer la ville en zone orange. La prudence nous a donc semblée
être de mise. Nous nous sommes résolues à ne pas sortir
de la ville (donc hélas, pas de tourisme…), pas de sortie après
17h (la nuit tombe tôt) et bien sûr, en pays musulman, et de surcroît
en plein mois de ramadan, des tenues vestimentaires couvrant les bras et les
jambes. Nous n’avons pas senti d’hostilité de la part de
la population. Rien de tangible nous pouvant faire craindre un quelconque incident.
Beaucoup étaient plutôt rassurants. Et ce climat particulier ne
nous a pas empêchées de faire de belles rencontres et de beaux
partages !
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